Ecouter du jazz c’est faire l’expérience des sonorités qui se rapprochent probablement le plus d’une expression primitive des organes vocaux. L’instrument devient le prolongement de la voix, qui crie, qui pleure, qui se fait tendre, douce, espiègle, violente. Il ne s’agit pas de parler d’une seule voix, d’entendre d’une même voix l’humanité tout entière, mais plutôt de retrouver derrière la singularité de chacune, toutes les nuances et la complexité de l’universel, de l’originel. Voilà peut-être une des réponses à la question “Pourquoi la musique ?“...
Pour entendre et apprivoiser un monde dans lequel nous sommes toujours un peu étranger... Pour être saisi face à l’imprévisible d’une voix dans son instant...
Pour forger des mondes imaginaires dans lesquels ces instants, ces individualités deviennent nôtres.
Les voix et les mondes que nous explorerons cette saison racontent un jazz construit d’héritages fertiles, de jeux inventifs et d’auras contagieuses. L’héritage des percussions afro-américaines, de l’Afrique à la Caraïbe, avec Famoudou Don Moye, batteur et percussionniste éclatant, pilier depuis plus de 50 ans de l’Art Ensemble of Chicago qui posa les jalons de la Great Black Music. L’héritage des chants pygmées et inuits avec la transe effrénée d’INUI, voyage musical dans le champ du rêve et du vertige. L’héritage d’une langue occitane joueuse et d’un geste vibrant, celui d’André Minvielle et sa Main-vielle à roue irrésistible. L’influence de l’énergie magnétique de David Bowie ou de la fulgurance de Miles Davis avec Pierre Durand et son “Electric“ 4tet. L’héritage des miroitements de la musique française du début du XXe et de l’art coloriste de Duke Ellington, avec Pierre-François Blanchard et Thomas Savy, “frères d’âmes“ d’un enivrant kaléidoscope émotionnel. Et enfin, la bandonéoniste virtuose Louise Jallu, figure du nouveau souffle du tango, chef de bande d’un jeu intrépide entre passé et présent. Etourdissant !
Belle saison aventureuse et chatoyante à toutes et tous aux côtés de ces voix pleines d’éclats !
Tiphaine Samson
Présidente de Jazz à Porquerolles
Nous dédions cette saison à Olivier Miconi, musicien solaire, dont le timbre de sa trompette et de son rire était vie et feu...